Le Sénateur Moïse Jean-Charles acclamé au Brésil et en Argentine

Le Sénateur Moïse Jean-Charles acclamé au Brésil et en Argentine
«Il est scandaleux que le Brésil et l’Argentine fassent le sale boulot de Washington en Haïti. Les contingents militaires brésiliens et argentins n’aident pas Haïti. Ils ne font que défendre les intérêts impérialistes des Etats-Unis. » 
 
Tel était le message que le sénateur Moïse Jean-Charles transmettait à des autorités gouvernementales, des sénateurs, des députés, des étudiants, des syndicalistes, et au grand public, durant une tournée de 10 jours à travers le Brésil et l’Argentine, du 15 au 24 avril. 
 
Le but de la visite de Moïse était d’élever le niveau de sensibilisation à propos de l’occupation militaire continue d’Haïti par les troupes de ladite Mission des Nations unies pour stabiliser Haïti ou MINUSTAH et de faire campagne contre elle. Le 1er juin marquera le 9e anniversaire du déploiement de la MINUSTAH en Haïti, en violation flagrante de la Charte des Nations unies et de la Constitution haï- tienne. Une importante conférence et manifestation pour demander le retrait immédiat de la MINUSTAH se tiendra en Haïti à cette date, avec des participants venant de toute l’Amérique latine et de l’Amérique du Nord. 
 
Des généraux brésiliens ont été à la tête de la MINUSTAH depuis sa création à la suite du coup d’Etat du 29 février 2004 contre le président Jean-Bertrand Aristide, et les soldats brésiliens en constituent le plus gros contingent, environ 2.200 d’une force totalisant 9.000 membres. Environ 600 soldats argentins en font partie. Le sénateur Moïse Jean-Charles s’est rendu à Sao Paulo, au Brésil le 14 avril, à l’invitation d’un comité dénommé «Défendre Haïti c’est nous défendre nous-mêmes», mis sur pied à l’initiative du courant dissident Trabalho du Parti des travailleurs brésilien au pouvoir (PT). 
 
Le 15 avril, il s’est envolé pour la ville de Juiz de Fora, où il a rencontré le maire, les législateurs locaux, le Syndicat des enseignants, le Syndicat des travailleurs des transports, le Mouvement des Noirs de la ville, et le grand public. Le plus fort contingent des soldats brésiliens vient de Juiz de Fora, qui est situé à environ 140 km au nord de Rio de Janeiro. 
 
Le conseiller municipal Robert Cupolillo (PT) a invité Moise à titre de principal conférencier lors d’une séance en audience publique tenue le 15 avril. Le sénateur Moise a expliqué que le Président Martelly a été élu frauduleusement lors d’une élection appuyée par les Etats-Unis et a empê- ché la tenue d’élections législatives pour renouveler un tiers du Sénat haï- tien. « Si les choses continuent de ce train, nous finirons sans sénateurs en Haïti », a déclaré Moïse. 
 
A son invitation, le conseil de la ville de Juiz Fora a été d’accord pour envoyer une délégation à la Conférence continentale pour le retrait d’Haïti des troupes de la MINUSTAH en Haïti, qui se tiendra à Port-au-Prince le 1er juin . 
 
La visite du sénateur Moïse à Juiz de Fora a été favorablement couverte par un rapport détaillé de nouvelles sur Globo, le plus grand réseau de télévision du Brésil. «Je suis opposé à l’occupation militaire d’Haïti par des soldats de l’ONU et brésiliens, parce que je suis un Haïtien nationaliste», at-il déclaré au réseau. 
 
Tard dans la journée du 15 avril, le sénateur s’est rendu à Rio de Janeiro, d’où il s’est envolé pour Brasilia, capitale du Brésil. Dans la matinée du 16 avril, il a rencontré plus de 200 élèves du secondaire dans l’auditorium rempli à capacité du Centre d’enseignement No 3 de la ville de Gama, une banlieue ouvrière du Brasilia. 
 
Le seul étudiant haïtien à l’Université de Brasilia, Vogly Pognon, a traduit en portugais les propos du sénateur Moïse aux étudiants qui ont montré une attention soutenue pendant plus de deux heures. « 95% de la population haïtienne sont contre l’occupation », a dit Moïse aux étudiants. « Quand les gens en Haïti entendent parler des soldats de l’ONU violant de jeunes Haïtiens, ils se mettent en colère. Ils ont entendu parler d’un autre jeune haïtien qui a été retrouvé pendu sur la base de l’ONU au CapHaïtien. Mais si dans un quartier se manifeste une certaine insécurité et qu’on fait appel à la MINUSTAH, les soldats disent que cela ne les concerne pas et jamais ils ne se manifesteront. Mais lorsque le peuple haïtien se met debout parce qu’il a faim, la MINUSTAH se présente pour lui tomber dessus avec des matraques et pour lui lancer des gaz lacrymogènes. » 
 
Au moment de la clôture de la réunion, les étudiants scandaient « Soberania, tem qué existir, retirar tropas do Haiti! » (La souveraineté doit prévaloir, retirez les troupes d'Haïti!). 
 
Plus tard, dans l’après-midi, le sénateur Moïse a rencontré le Comité des Relations extérieures de la Chambre des députés à Brasilia. Quatre députés, le président du Comité Nelson Pellegrino et Fernando Ferro, les deux du PT, ainsi que Luiza Erundina et José Stédile, tous deux du Parti socialiste brésilien (PSB), ont eu une rencontre cordiale de plus de 90 minutes avec le sénateur, qui a souligné, comme il l’ a fait à d’autres réunions, que le Sénat haïtien en 2011 avait voté à l’unanimité la résolution demandant à la MINUSTAH de se retirer d’Haïti en Octobre 2012 au plus tard. Cette résolution a été ignorée de façon flagrante par l’ONU. 
 
Puis, plus tard dans la soirée du 16 avril, le sénateur Moïse a rencontré pendant presque deux heures des étudiants de l’Université de Brasilia, qui lui ont posé beaucoup de questions. « Tout le monde sait que le Brésil est à la tête de l’occupation militaire de l’ONU en Haïti », a-t-il dit en réponse à une question. « Mais qui gagne les gros sous en Haïti? Les Américains. Qui donne les ordres? Les Américains. Ce jeu de bluff doit cesser ». 
 
Le 17 avril, le sénateur Moïse a rencontré à Brasilia la Commission du Sénat brésilien des Droits de l’Homme, dirigée par la sénatrice Ana Rita (PT), qui est également présidente de la Commission du Sénat traitant des Affaires internationales. En collaboration avec deux autres sénateurs du Parti des travailleurs, Eduardo Suplicy et Paulo Paim, la sénatrice Rita s’est engagée à faire un effort pour envoyer un représentant à la Conférence du 1er juin en Haïti. 
 
Lors d’une réunion plus tard dans la journée, le sénateur haïtien s’est adressé à la section de Brasilia de la Centrale unifiée des travailleurs (CUT), la plus grande confé- dération syndicale du Brésil. Beaucoup de syndicalistes et de dirigeants de mouvements populaires ont assisté à la réunion, y compris Ismael Cesar, un chef de file de la Confédération des mouvements sociaux (CMS). Il a appelé le public à «défendre la souveraineté nationale du peuple haïtien» et a proposé d'envoyer « une importante délégation de Brasilia à la Conférence à Port-au-Prince ». 
 
Le 18 avril, le sénateur Moïse est allé au ministère des Affaires étrangères brésilien pour rencontrer Nelson Tabajara de Oliveira, le directeur du Département pour l’Amérique centrale et les Caraïbes. Là, il a eu une rencontre cordiale de 45 minutes où il a présenté ses points de discussion essentiels. Au Directeur Tabajara, il a dit : «Au lieu de dépenser quelque 900 millions de dollars par an pour la MINUSTAH, j’ai proposé que la communauté internationale donne à Haïti environ 50 millions de dollars afin de mieux former et équiper la police. On peut dépenser le reste de l’argent pour les soins de santé, les écoles, et l’agriculture. C’est une perte terrible et une grande injustice que de dépenser autant d’argent pour entretenir une force que le peuple haïtien rejette de façon unanime». 
 
Plus tard, ce jour-là, le sénateur Moïse s’est rendu à Sao Paulo, la plus grande ville en Amérique latine, avec quelque 17 millions d’habitants. Là, il est allé directement à la Chambre des représentants de l’État de São Paulo, où il a été introduit auprès de nombreux parlementaires locaux et a été interviewé par deux programmes différents à la télévision. 
 
Ce soir-là, il y avait une grande assistance à l’auditorium du bâtiment législatif de l’Etat. Quelque 300 personnes s’étaient entassées pour une rencontre publique présidée par le député de l’Etat Adriano Diogo (PT). Parmi les dirigeants syndicaux et politiques qui ont partagé le podium avec le sénateur Moïse figuraient Julio Turra (CUT), Milton Barbosa (MNU, Mouvement Unifié Noir), Marcelo Buzzeto (MST, Mouvement des Sans Terre), Joelson Sousa (Jeunesse révolutionnaire), Juliana Cardoso (conseillère municipale PT), Catia Silva (Parti des travailleurs, Comité pour combattre le racisme) et Barbara Corrales (courant politique O Trabalho du PT). « Si la MINUSTAH est en train d’aider, comme les gouvernements et les Nations unies le disent, alors, pourquoi y at-il 5000 réfugiés haïtiens à Acre (un état du nord du Brésil)? », demanda Corrales. 
 
« Les troupes de l’ONU ne permettent de résoudre aucun des problèmes auxquels font face les Haï- tiens », a déclaré le sénateur Moise pour répondre à de nombreuses questions de l’auditoire. « Elles travaillent pour opprimer le peuple et son droit à lutter, à manifester ». 
 
Comme il l’a fait dans la plupart de ses réunions, le sénateur Moïse a rappelé à l’audience que les troupes népalaises de la MINUSTAH avaient apporté en Haïti la pire épidémie de choléra dans le monde, qui a déjà tué plus de 9.000 Haïtiens et rendu malades quelque 800.000 autres. « Le peuple haïtien devrait recevoir une compensation pour les ravages causés par le choléra que l’ONU a apporté », a déclaré Moise. « L’ONU doit reconnaître le droit de mon peuple à des réparations!» 
 
Le sénateur Moïse a terminé par un appel à la solidarité. « L’occupation est un coup dur pour notre dignité de peuple », a-t-il dit. « C’est un coup dur à l’autodétermination du peuple haïtien! » 
 
Le 19 avril, le sénateur Moïse a passé la journée à rencontrer différents membres du Conseil municipal de Sao Paulo, où il a également accordé des interviews à la radio et à la télévision. Moïse a eu un débat soutenu avec José Américo (PT), le président du Conseil municipal de la ville de Sao Paulo, qui essayait de défendre la ligne politique de la présidente Dilma Rousseff. Cependant, ce dernier a été convaincu par l’argumentation de Moïse et s’est s’engagé à mettre en place une délégation officielle du Conseil municipal de Sao Paulo pour assister à la Conférence du mois de juin en Haïti. 
 
Le 20 avril, le sénateur Moïse a passé la journée à visiter l’Ecole nationale Florestan Fernandes (ENFF), géré par le Mouvement des Paysans Sans Terre du Brésil (MST), situé à environ 60 km à l’extérieur de Sao Paulo (Florestan Fernandes était un leader révolutionnaire qui a défendu beaucoup de ces principes enseignés dans l’école.) Là, les jeunes de partout dans le monde bénéficient d’un enseignement politique relatif à l’histoire et aux luttes dans le monde. Moïse s’est adressé à un auditoire d’étudiants, et le directeur Joba Alues lui a fait faire une visite de l’école. Ensuite, il a eu une discussion avec les dirigeants de l’école, explorant de futures pistes de solidarité. 
 
Le 21 avril, il a voyagé en Argentine où il a été accueilli par la Centrale des travailleurs d’Argentine (CTA), le plus grand syndicat d’Argentine. 
 
Le 22 avril, lors d’une émouvante cérémonie, le sénateur Moïse Jean-Charles a été déclaré «Visiteur Distingué» de la Ville Autonome de Buenos Aires par la députée Laura Garcia Tuñón (du Parti Buenos Aires pour tous) dans la salle «Eva Peron» de l’Assemblée législative de la ville de Buenos Aires. Etaient également présents à la cérémonie, Carlos Chili, le secrétaire gé- néral de la CTA dans la capitale, Fabio Basteiro, président du Bloc de l’Instrument Electoral pour l’Unité Populaire à l’Assemblée législative de Buenos Aires, et Antoine Simounet du Comité de Solidarité pour le Retrait des troupes argentines d’Haïti. 
 
« En 2004, on nous avait dit que les troupes de l’ONU seraient dé- ployées pour six mois seulement pour stabiliser Haïti », a déclaré Moïse, « mais neuf ans plus tard, la MINUSTAH est toujours là. » En outre, il a souligné que l’entreprise géante affiliée au Pentagone, la DynCorp, venait juste de décrocher un contrat de 48,6 millions de dollars pour recruter des policiers de l'ONU et des conseillers de prison, et construire une nouvelle base pour les soldats américains attachés à la MINUSTAH. « Ça n’a pas l’air que la MINUSTAH compte partir », a-t-il dit. « Ça a plutôt l’air qu’ils ont l'intention de rester! » 
 
Moise a ajouté que « nous avons un président de droite, un citoyen américain, imposé par les ÉtatsUnis, qui veut maintenant donner aux Etats-Unis les ressources naturelles d’Haïti, comme par exemple de l’or valant des milliards de dollars », a dit le sénateur. « Mais nous, peuple haïtien, nous n’accepterons pas cette façon de faire ». 
 
L’événement s’est terminé avec la remise au sénateur Moïse d’une mé- daille d’or et d’un diplôme offerts par la Chambre législative le reconnaissant comme un «Visiteur illustre» de Buenos Aires, un honneur déjà conféré à feu le président vénézuélien Hugo Chavez. 
 
Le 23 avril, le sénateur Moise a rencontré Daniel Chuburu, directeur de la section pour l’Amérique centrale, les Caraïbes et le Mexique au sein du ministère des Affaires étrangères, Pablo Tettamanti, le directeur du ministère des Organisations internationales. Les deux diplomates argentins ont sympathisé avec le arguments de Moïse contre la MINUSTAH. « Nous sommes conscients que la situation en Haïti ne justifie plus la présence de la MINUSTAH », a déclaré Tettamanti. Moïse a dit qu'il allait envoyer au ministère une copie de la résolution 2011 signée du Sénat haïtien exigeant le retrait de la MINUSTAH. 
 
« Bien sûr, les Haïtiens doivent être ceux qui décident de la présence de la MINUSTAH », a déclaré Tettamanti. « J’attends avec impatience de recevoir la résolution .» 
 
Enfin, le 24 avril, le sénateur Moïse a été reçu au parlement argentin par un groupe de personnes comprenant non seulement des parlementaires argentins, mais aussi le prix Nobel Adolfo Pérez Esquivel, les mères de la Plaza de Mayo, et des membres de la presse. 
 
Ce soir-là, le sénateur Moïse a pris l’avion pour New York, où il est allé participer à un dîner de solidarité avec Haïti Liberté (voir article connexe). 
 
Pendant la partie brésilienne de sa tournée, le sénateur Moïse était accompagné de trois journalistes: JeanRobert Pierre-Louis de RCH 2000, Rony Richard de Radio Cap-Haïtien, et Kim Ives d’Haïti Liberté. Ils se sont fait entendre sur les antennes de nombreuses radios à travers Haïti au cours de la tournée. 
 
Partout, la tournée a suscité enthousiasme et compréhension. Ce fut un grand succès. 
 
Pour terminer, il y a eu un point que le sénateur Moïse a fait ressortir à plusieurs reprises, et qui rend bien le message qu’il véhiculait. Parlant aux étudiants de l’Université de Brasilia, Moïse leur a dit : « Récemment, en France, on a demandé au président Michel Martelly, qui a été mis au pouvoir par Washington, s’il avait peur des gens qui se soulèvent contre lui. Il a répondu qu’il ne l’était pas, parce que la MINUSTAH est là pour le proté- ger.Cette remarque en dit  long.